L'espace archéologique fouillé dans le secteur oriental du lac de Sanguinet constitue un terrain d'étude privilégié : vallée côtière, aujourd'hui ennoyée, jadis parcourue par une rivière ouverte sur l'Océan, elle connait une occupation continue durant tout l'âge du Bronze (-2200 à -800), l'âge du Fer et une partie de l'Antiquité gallo-romaine (-52 à 276). L'exploration de cette zone fournit des informations précieuses sur le territoire du Nord des Landes, encore mal connu et les recherches en cours continuent de produire des résultats.
L'exploration du fond du lac débute il y a 50 ans
1970
Une équipe de plongeurs du Bordeaux Étudiants Club (BEC), conduite par le professeur Richir de la Faculté de Médecine de Bordeaux, découvre par hasard les ruines ennoyées d'un temple gallo-romain ou fanum. Cette découverte marque le début des investigations dans le lac. Le professeur Dulong de Rosnay crée la Société pour la Protection des Sites Archéologiques et naturels de Sanguinet (SEPSS). Des prospections sont réalisées de 1970 à 1973.
1975
Philippe Lafont, plongeur de Sanguinet, découvre une pirogue monoxyle. Le service des Antiquités Préhistoriques d'Aquitaine délivre une autorisation provisoire de prospection aux responsables de la SEPSS. Il s’agit de la première reconnaissance officielle de la présence de vestiges archéologiques dans le lac de Sanguinet.
1976
Paul Capdevielle fonde le Centre de Recherches et d’Études Scientifiques de Sanguinet (CRESS) pour poursuivre les travaux de recherches initiés.
1978 à 1988
Plusieurs campagnes de fouilles sont menées sur le premier site découvert, le site gallo-romain de Losa, un village étape situé le long de la voie romaine qui reliait Bordeaux à Dax. Les monnaies nombreuses permettent de définir les périodes d'occupation de -70 à 276. Le site a livré une variété d'objets de la vie quotidienne (récipients en céramique sigillée, fléau de balance, éléments de parures, amphores, grandes jarres de stockage ou dolia, monnaies).
1979
Parallèlement, le site de l’Estey du Large est identifié. Des fouilles sont menées en 1979, 1980 puis de 1983 à 1990. Daté au deuxième âge du Fer (-450 à -52), le site se présente comme un espace elliptique de 3000m2, installé sur un promontoire, fermé par une double palissade en bois. Des vestiges d'habitat et des témoignages d’activités métallurgiques y sont identifiés.
1986
L'année est marquée par la découverte du site de Put Blanc.
1991
Le site de Put Blanc est étudié. Occupé dès le premier âge du Fer (-850 à -450), il est constitué de plusieurs zones (Put Blanc I, II et III) dont le vestige le mieux conservé se situe sur une élévation qui surplombe les niveaux environnants. Il s'agit d'un plancher de cabane en bois avec la sole circulaire d’un four central, en place. L'image générale suggérée par ce plancher est celle d'une maison isolée, de plan rectangulaire. Les zones I, II et III ont été prospectées jusqu'en 2012. Une zone IV (1 ha) a été prospectée en 2016.
2002
Le site de la Forêt est identifié. Occupé pendant le premier (-850 à -450) et le deuxième âge du Fer (-450 à -52), il se distingue par une quantité élevée de souches d'arbres répartie sur 4 zones d'habitat.
2006
Les investigations menées sur le site de Matocq de 2006 à 2012 ont permis de placer sa durée d'occupation du début de l'âge du Bronze (-2200 à -850) au premier âge du Fer (-850 à -450). Huit zones d'occupation ont été identifiées. L'armement y est représenté par des pointes de lances en bronze (alliage de cuivre et d'étain).
A l'exception du nom du site de Losa mentionné dans les sources textuelles antiques, les noms des sites ont été attribués en fonction des noms des lieux-dits proches des sites sur les rives du lac.
Les vestiges recueillis sur l'ensemble des sites de Sanguinet est constitué pour l'essentiel de récipients en céramique (jarres, jattes, bols, écuelles, pots, marmite, faisselle à fromage), et pour part, d'outils, de parures, d'armes, de monnaies, d'objets de la vie quotidienne (lampe à huile, biberon, fusaïoles, pesons, pirogues). Ces objets nous renseignent sur les techniques de production et les modes de vie depuis l'âge du Bronze jusqu'à l'Antiquité gallo-romaine. Les structures d'habitat associées à ces découvertes mettent en évidence une occupation continue sur plus de 2000 ans, aux abords du lac en formation et le long d'une rivière, appelée aujourd'hui, la Gourgue.