Retour sur la fouille de la 40e pirogue et les "festivités"

Retour sur la fouille de la 40e pirogue et les "festivités"

Retour sur la fouille de la 40e pirogue et les "festivités"

À l’occasion de la fouille programmée de la 40e épave du lac de Sanguinet, du 25 septembre au 6 octobre 2023, Anaïs Diméglio, archéologue subaquatique au Drassm et son équipe, des experts de la médiation scientifique, des chercheurs (Ipso Facto) des membres du Cress et le Musée du Lac se sont fédérés autour d'une campagne de médiation, de valorisation et de sensibilisation à la sauvegarde du patrimoine du lac de Sanguinet. Cette opération financée par le département des Landes et la DRAC Nouvelle Aquitaine, avec le soutien de la ville de Sanguinet et du Drassm, a tenu toutes ses promesses.

Les actions de médiation - Ateliers, parcours archéologique, visites commentées du musée, conférences

Une exposition dédiée à la fouille subaquatique, des ateliers proposés sur la rive du lac près de la base vie des archéologues, un parcours archéologique jusqu'au musée et des conférences thématiques en soirée ont accueilli de nombreux curieux.     

La base vie des archéologues-plongeurs installée sous un barnum sur la berge du lac, face à la fouille a permis au public de vivre la fouille et le travail des archéologues en direct. Les ateliers-jeux mis à disposition pour comprendre l'histoire de la formation du lac ainsi que les techniques de fouille subaquatique, animés par des archéologues-plongeurs professionnels, des étudiants en archéologie et les membres du Centre de Recherches et d'Etudes de Sanguinet ont donné l'opportunité de transmettre savoirs et connaissances archéologiques. La participation de l'ensemble des classes de l’école de Sanguinet, de la maternelle au CM2 aux ateliers a considérablement contribué à la valorisation de l'événement.  

Au musée, le public a pu découvrir ou redécouvrir une collection de 450 objets provenant des fouilles menées depuis 50 ans dans le lac. Des visites commentées du musée, conduites par les étudiants et la responsable du musée, ont suscité des débats animés autour des recherches à Sanguinet et, de l'archéologie, de manière plus générale. Une reproduction à l’identique d’une pirogue antique façonnée par un ébéniste Sanguinétois, Raymond Sentucqétait était exposée exceptionnellement pour l’occasion devant le musée. 

Finalement, une première conférence portant sur le pillage archéologique donnée par Mathilde Roupsard, conservatrice du patrimoine au SRA Nouvelle-Aquitaine a donné l'occasion de sensibiliser aux dommages causés par les prélèvements clandestins en contexte archéologique. La seconde conférence, donnée par les plongeurs, archéologues et chercheurs (André Tartas (Cress), Anaïs Diméglio (Drassm), Alba Ferreira Domínguez (Ipso Facto) a mis à l'honneur les résultats de la campagne de fouille.    

Le travail scientifique de terrain et les premiers résultats

La   pirogue 40 découverte en 2021 et datée grâce à un prélèvement C14 entre les XIIIe et XVIe siècles de notre ère était en effet intéressante par sa position dans le lac et sa datation. Retrouvée à l’écart des 39 autres pirogues découvertes au fond du lac, celle-ci pourrait avoir échoué sur une ancienne berge du lac, aujourd'hui ennoyée. Cet élément pourrait nous permettre de restituer, bien que très localement, un tracé probable des contours du lac à une époque assez mal connue, puisque aucun établissement n’a été identifié à Sanguinet et aux alentours, pour cette période de la fin du Moyen-Âge.

Alba Ferreira Domínguez, archéologue-dendrologue plongeuse est venue étudier l’épave directement sur site. Ses premières observations montrent que la pirogue, préservée sur environ cinq mètre de long, a été débitée à cœur dans le tronc d’un chêne caducifolié d’un diamètre d’environ 60 centimètres. D’après les premières conclusions apportées par l’étude des traces d’outils, ce débitage aurait été effectué à l’aide d’une hache et d’une herminette. Une datation plus précise de l’épave par dendrochonologie (datation de la date d’abattage du bois par comptage des cernes) a pu être effectuée. Les données de terrain seront valorisées par un rapport d’opération à destination des services archéologiques de l’Etat.